McsORGAN Magazin 2019

et se laisse convaincre par mon projet. Avant la remise du véhicule, j’ai encore droit à des conseils constructifs et utiles en cas de panne. Le matériel, ainsi que les papiers, les appareils et les cartes sont casés et sécurisés. Les arriérés de loyer sont réglés Le réservoir est rempli. On a em- porté combinaison et nourriture déshydratée pour homme/femme. Début du voyage le lendemain à 6h45, en saluant les spectateurs absents. Le trajet se passe à souhait, sans incidents. Arrivée comme prévu à Gêne Boccadasse au bout du Corso d’Italia à la fin de l’après-midi. La place de stationnement de notre 3 roues est entourée d’observateurs paisibles : « Que Bellezza… pare una venere » – elle est aussi belle qu’une Vénus! Encore quelques compliments de ce genre et je me transforme quand même en- core en membre réellement actif du MCS, si tant est que la banque m’accorde le crédit nécessaire. Gêne vaut toujours le voyage. Le lendemain, nous flânons à travers la ville en passant par la Piazza di Ferrrari, Domo San Lorenzo et le soir à nouveau par Boccadasse, là où les Génois passent des soirées pleines d’ambiance, le plus souvent accompagnées d’une ou plusieurs assiettes de lasagnes al Pesto Genovese. D’ailleurs, c’était pendant plus d’un an la base de mon alimentation par manque de ressour- ces financières.Il y a un demi-siècle, c’était l’aliment quotidien des pauvres gens, aujourd’hui un repas presque exotique. L’embarquement, le lendemain au port, se passe selon la routine. Un déroulement bien familier qui vaut la peine d’être à nouveau vécu. Soit dit en pas- sant : le port est un ensemble imposant du Bas Mo- yen Âge avec un fret de plus de 70 millions de ton- nes et de près de 3 millions de passagers. On peut dire presque la même chose pour la ville portuaire de Tanger. Sidi Maimoun est agréable mais ce n’est pas un passage obligé. Le marché hebdomadaire et les étals des collines de la Kasbah le sont davanta- ge. Ce qui a cependant drastiquement changé à cet endroit depuis ma dernière visite, ce sont le style de vie et l’habillement. Aujourd’hui on voit majori- tairement et de manière croissante, un mode de vie arabe faisant montre de peu d’ouverture. D’après la météo, la poursuite du trajet est possible, non sans avoir au préalable fait contrôler les tuyaux d’huile quelque peu fragiles. Un impératif. Nous nous met- tons ensuite en route directement vers Meknes, une des villes royales avec son mausolée de Moulay Isma’il. C’est, paraît-il, l’ancien fondateur, avec, se- lon la légende, entre 400 et 500 concubines. De la polygamie de haut-niveau. Soit dit encore en pas- sant: les olives y sont incomparables. La prochaine étape (en km) est la plus longue de ce voyage initiatique qui fera date: 650 km de Meknes vers Quarzazate en passant par Midelt et Goulmina. Faire connaissance avec un fleuve et quelques animaux dont il vaut mieux ne pas acquérir la confiance fait partie intégrante du vo- yage. Les scorpions ont l’habitude de traverser en courant la nappe de pique-nique, sans demander l’autorisation, sans se faire annoncer et de manière vraiment impolie. De manière assez similaire à la vipère heurtante et la vipère cornue qui suscitent peu de sympathie dans le quotidien. Nous pouvons en tirer de sombres spéculations mais les caresser sous couvert d’une empathie mal comprise ne fait pas partie des mesures susceptibles de prolonger la vie. Notre expérience avec ces bêtes pourrait être la base d’un livre d’apprentissage. Comme nous l’avons évoqué au début, il faut laisser cela de côté, par manque de place. Goulmina , le vrai centre de l’oasis Rheris, avec ses fortifications et ses arcades est un lieu intéressant. Il ne manque plus que les caravanes de chameaux et de mulets chargés de marchandises. Une sorte d’hôtel avec un ravissant jardin intérieur, des hal- les claires et voûtées et des fontaines d’agrément à l’ombre des orangers nous accueille pour deux nuits. Les intermèdes dansés d’un genre particulier sont inclus. Certes, je n’ai pas l’ambition d’être un avocat de la danse, mais ce serait vraiment un sac- rilège que de décliner une invitation pour un Pas à Deux marocain. Dans un autre langage, je com- parerais ce joyau à une danseuse de Tarentelle en kaki. C’est aussi dans ces instants que l’on fait l’expérience du désert comme lieu de rêves, du su- blime, de l’incommensurable, proche de l’univers.

RkJQdWJsaXNoZXIy NTcyNzM=